Interview réalisé par Hélène RISS (13 ans ),
élève de l'ARFOL-Ste. Odile.

Voir aussi l'article "Croire aujourd'hui", par le Père Mischler.

L’orgue, une passion.

Fille d’un grand facteur d’orgue alsacien, Suzy Schwenkedel est, elle aussi une grande passionnée de cet instrument. Elle y consacre sa vie :  elle est à la fois musicienne, enseignante, éditrice et présidente de ANFOL(1). Nous allons découvrir avec elle cette passion, à travers sa vie d’organiste, une vie remplie de musique.                  

  • L'orgue vous a -t- il attiré, déjà enfant ?
Mon père était facteur d’orgue. J’ai grandi en voyant construire ces instruments ; j’ai donc été toute petite déjà attirée par l’orgue liturgique.
  • Où avez-vous poursuivi vos études musicales ? Quel a été votre cursus ?
Après mon baccalauréat, j’ai fait le Conservatoire et l’Institut de Musicologie à Strasbourg et j’ai étudié l’orgue en même temps. Ensuite, j’ai eu un poste dans l’Education Nationale dans un lycée à Haguenau jusqu’en 1976. Mais j’ai repris des études d’orgue en Allemagne du Nord où j’ai travaillé sous la conduite d’Harald Vogel. Deux ans plus tard, j’ai commencé l’enseignement à l’école d'orgue.
  • Quel est votre répertoire préféré ?
C’est la période baroque et classique que je préfère ; entre autres, surtout le répertoire d’Allemagne du Nord du 17ème siècle mais aussi des musiciens plus connus comme Bach ou Walter.
  • Y a -t - il  un orgue que vous préférez à d'autres ?
J’ai une prédilection pour Rosenwiller par attirance personnelle et par rapport à mon répertoire. Mais les autre orgues du coin ont tous leur particularité et sont très beaux.
  •  Quelle est votre fonction actuelle ?
J’enseigne l’orgue ; je forme des organistes de tout âge de 7 à 77 ans, sans aucune condition et de n’importe quel niveau. J’accompagne aussi les offices au Foyer de Charité d’ Ottrott.
  • Attachez - vous beaucoup d'importance à la formation de vos élèves ?
Oui. Beaucoup. C’est la partie la plus passionnante de ma vie : c’est ce que je préfère faire.Dans le but de les aider à travailler, j’ai édité et restitué la tablature de Weimar(2) qui est un matériel pédagogique.
  • Vous organisez un stage d'orgue par an. En quoi consiste - t il ? Dans quel but ?
Ce stage donne l’occasion de traiter des choses ensemble, d’élargir des horizons. Des organistes d’autres régions sont invités. On apprend à se connaître. Il permet de vivre quelque chose ensemble, d’approfondir ses connaissances par exemple par des notions de facture d’orgues.
 
  • Existe t - il beaucoup d'autres classes d'orgue liturgique ?
Les conservatoires et les écoles de musique donnent une formation technique de l’orgue. L’ANFOL, dont je suis la présidente, chapeaute 30 centres d’enseignement qui fonctionnent en France. On y aborde en plus l’accompagnement.  C’est un enseignement basé sur l’harmonisation qui permet de donner une structure pour travailler une pièce.
 
  • Vous vous occupez d'une revue "Préludes" depuis quelques années. Quelle est cette revue ?
Cette revue est le magazine de l’ANFOL. C’est un outil de formation pour des organistes de paroisse. Il y a des interviews, du répertoire pour orgue, des articles de pédagogie, de fiches techniques…Elle est tirée à 2000 exemplaires. Il y a des abonnés en Suisse et au Canada.
 
  •  Que diriez-vous à des jeunes intéressés par l'orgue liturgique?
Je les encourage très vivement et leur souhaite de trouver des paroisses qui les accueillent et leur permettent de jouer. C’est dans l’assemblée que l’orgue a son premier rôle. Toute la littérature d’orgues est née de la prière des chrétiens. Mais beaucoup de jeunes s’intéressent à l’orgue ; cela se voit dans les stages par exemple à Arras , 240 jeunes en 1998.
 
  • Quelles qualités faut - il avoir pour être un bon organiste ?
Pour arriver à bien jouer, il faut donner le meilleur de soi-même, à son niveau. Il faut aimer ça, “ être mordu ” et travailler selon ce que l’on veut faire, à son propre rythme. Il faut avoir le désir d’aller de l’avant et ne pas rester sur ses acquis.

                                                 Propos recueillis par Hélène Riss, Expression écrite n.4.

                                                                                                                                            13 Décembre 2000.

1 : Association Nationale de Formation des organistes liturgiques
2 :Tablature de Weimar : de 1704, ensemble de chorals en basse chiffrée précédés de leur petite fugue d’intonation.